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Un bananier Hondurien
UN BANANIER HONDURIEN

Ceux qui préparaient l'Opération Torch eurent ensuite à trouver un navire ayant un tirant d'eau suffisamment faible, pour naviguer dans un chenal dont la profondeur n'excédait guère cinq mètres.

Les bateaux disponibles n'avaient pas cette caractéristique mais, fort heureusement, quelqu'un se souvint du Contessa, un vieux bananier hondurien de 5 500 tonnes appartenant à la Standard Fruit Lines. Ils le localisèrent au milieu de l'Atlantique et le détournèrent de sa destination initiale, New York, vers la zone de rassemblement de l'invasion à Newport News, en Virginie.

Bien que sous contrat avec la commission maritime U.S, le navire construit en Angleterre, battait pavillon hondurien.

Lorsque la guerre éclata, il fut réquisitionné pour naviguer sur les routes maritimes dangereuses et difficiles de l'Atlantique Nord. L'appel pour rejoindre Newport News arriva alors que le Contessa terminait sa douzième traversée.

Il changea de cap pour atteindre Newport News le vendredi après-midi 23 octobre, au moment où le convoi d'invasion du Général Georges Patton se préparait à prendre la mer.

Conformément à ses habitudes, la compagnie fruitière débarqua l'équipage, et les hommes se dispersèrent rapidement pour un repos bien mérité. A peine le Contessa et son équipage réduit regagnaient le bassin de radoub, que son capitaine apprenait qu'il devait repartir le lundi matin pour une destination non révélée. Il émit immédiatement des ordres de ralliement, mais la majeure partie de son équipage était absente. Des télégrammes furent envoyés à tous ceux qui avaient laissé une adresse, mais la plupart des hommes ne purent être joints.

Pendant ce temps, les ouvriers du chantier naval montèrent à bord et découvrirent un vieux navire envahi de sel séché, de rouille et inondé d'eau qui suintait à travers des liaisons à l'étanchéité douteuse. Le temps imparti ne permettant d'assurer que les réparations les plus vitales, ils pompèrent l'eau dans les cales et resserrèrent les virures de tôle.

Le navire sortit du bassin de radoub le dimanche matin 25 octobre et la nuit suivante, sous une pluie battante, les bombes, les bidons d'acier remplis d'essence à haut degré d'octane furent chargés à bord. Des artilleurs de marine embarquèrent également.

Le lundi matin, le chargement était terminé mais il subsistait le problème de l'équipage incomplet. La marine le résolut en contactant les autorités de la prison de Norfolk City et en promettant la liberté aux détenus qui choisiraient de s'engager dans l'opération. Dix-huit hommes, emprisonnés pour des délits mineurs, se portèrent volontaires et furent exemptés de leur peine.

Le convoi du débarquement étant déjà parti, son capitaine accepta de naviguer sans escorte à travers l'Atlantique infesté de U-boats. Le Contessa ne pouvait détenir de documents et cartes, car tombés dans des mains ennemies, ces renseignements pourraient mettre en danger la réussite de l'Opération Torch. Cela signifiait que toutes les consignes devaient être apprises par cœur.

Cette tâche incomba au Lieutenant Albert V Leslie, un officier de marine de réserve et ancien combattant qui avait été désigné pour commander l'équipe d'artilleurs de marine. Il sera le seul à connaître leur destination. Comme Le lieutenant Leslie l'écrivit plus tard, "ceci impliquait que je mémorise toutes les données de renseignements concernant cette opération".